LETTER FROM GAZA
Light through the wall
Life in Rafah, Gaza's southern-most city, has always been difficult. But the period since March 2006 has been the worst in my 25-year life. Israel placed Gaza under a siege after Hamas won the Palestinian elections and tightened the siege after Palestinians captured an Israeli soldier near Rafah in late June 2006. We have had little electricity, fuel, money, food or medicine since. We felt some hope last week, however, when Palestinians knocked down the wall that Israel built along Rafah's border with Egypt, allowing us to escape our prison and cross to Egypt to buy essential goods.
The Israeli Army has destroyed about 2,000 homes in Rafah in the last seven years. In January 2004 they demolished our home. My grandmother, aunt, uncles and cousins had gathered in our house because their homes had just been demolished. Then an Israeli bulldozer started destroying our home. I helped my grandmother because she has trouble walking. My mother passed out, so I dragged her to a safer place. That day Israeli bulldozers destroyed 50 homes in our neighborhood.
When the siege intensified in late June 2006, my family and I were trapped for 14 days along with 4,000 Gazans at the Rafah border crossing trying to enter Gaza from Egypt, because Israel had closed the border. We had little food or water. Nine people died. Finally, armed men from Gaza broke the border wall, allowing us to return home.
Many times, I've said my heart must be stronger. I stopped every voice that told me that I can't write, that said people will not understand me; I've stopped every fear that says things will never change, because there are always ways to live and to change. My people have a great deal of courage, but what is happening is very hard.I am no longer the person I was before these experiences. When the Israelis kill innocent people, they turn the children of those killed into different people. It is not hard to guess whether these will become kind children, or sad children ready for revenge.
Still, when I look at our children, I somehow feel everything will change for the better someday. Every one of us can change things in small ways and make the sun shine, even in a dark box like Gaza.Three a.m. on Jan. 23rd was a moment of victory. Rafah's wall on the border with Egypt was gone. I could barely wait to see it. I wanted to see the smile on every Palestinian face that has been missing for a long time.
Yes, my children, now you can see Egypt. The wall is gone, and one day all the walls will be gone.Nine-year-old Amal and 11-year-old Yasmine told me, "Remember when we told you it's our dream to see Egyptian children, play with them and see Egypt? We went there and bought sweets and chips, but we didn't see children."Mohammed, 22, from Rafah, explained, "It doesn't matter who destroyed the wall, Hamas or Fatah. It was rubbish the Israeli army left behind. I hope the crossing will be opened to movement in a legal way, not like this."
When I visited the United States in 2006, people asked why Palestinians voted for Hamas. Some in the Palestinian Authority were corrupt. They lost people's trust. The U.S. government sent observers to monitor our elections and accepted Hamas's participation. Hamas won democratically. For years Hamas built social infrastructure and improved people's daily lives. Hamas needed to be given a chance. Instead, the world punished us.
I think that if ordinary people in the U.S. and Europe knew what was happening to ordinary Palestinians, they would be more compassionate. We need food, water, homes, work and access to the world. We need justice. And when ordinary Palestinians have justice, there will be peace.
Fida Qishta, éducatrice et journaliste, est la fondatrice et directrice de Lifemakers Center, qui compte 70 enfants âgés de 6 à 18 ans à Rafah.
La vie à Rafah, la ville la plus au sud de Gaza, a toujours été difficile. Mais la période qui s'est écoulée depuis mars 2006 a été la pire de mes 25 ans de vie.
Israël a assiégé Gaza depuis que le Hamas a remporté les élections palestiniennes et il a renforcé le siège quand des Palestiniens ont capturé un soldat israélien près de Rafah, fin juin 2006. Depuis, nous avons eu très peu d'électricité, de carburant, d'argent, de nourriture ou de médicaments.
Toutefois, nous avons ressenti un peu d'espoir, la semaine dernière, lorsque des Palestiniens ont fait tomber le mur qu'Israël a construit le long de la frontière de Rafah avec l'Egypte, ce qui nous permet d'échapper à la prison et d’aller en Egypte pour acheter des produits de première nécessité.
L'armée israélienne a détruit environ 2000 maisons à Rafah au cours des sept dernières années. En janvier 2004, ils ont détruit notre maison.
Ma grand-mère, ma tante, mes oncles et mes cousins vivaient dans notre maison parce que leurs maisons venaient d’être démolies. Ensuite, un bulldozer israélien a commencé la destruction de notre maison. J'ai aidé ma grand-mère parce qu'elle a de la difficulté à marcher. Ma mère s’est évanouie, alors je l'ai traînée dans un lieu plus sûr. Ce jour-là, des bulldozers israéliens ont détruit 50 maisons dans notre quartier.
Lorsque le siège s’est intensifié fin juin 2006, ma famille et moi avons été piégées pendant 14 jours au point de passage de Rafah avec 4000 habitants de Gaza qui revenaient d’Egypte, car Israël avait fermé la frontière. Nous n’avions que peu de nourriture ou d'eau. Neuf personnes sont mortes. Finalement, des hommes armés de la Bande de Gaza ont cassé le mur-frontière, ce qui nous a permis de rentrer chez nous.
Mais ces derniers mois ont été les plus difficiles, avec des frontières fermées, une croissance de la pauvreté, la diminution des livraisons de vivres, de médicaments et autres produits et des parties de Gaza sans électricité en raison du manque de carburant. L'armée israélienne tue des civils et des combattants palestiniens presque quotidiennement.
Nous attendons notre destin. Une mort lente ou rapide, c'est le même résultat. La semaine dernière, Huda de Rafah, 8 ans, m'a dit : «J'ai des problèmes rénaux et je dois aller à l'hôpital trois fois par semaine, et maintenant que les Israéliens menacent de couper l'électricité, cela veut dire que je vais mourir».
A de nombreuses reprises, je me suis dit que je devais être plus courageuse. J'ai fait taire toutes les voix qui me disaient que je ne pouvais pas écrire, que les gens ne me comprendraient pas, j'ai arrêté toutes les peurs qui me disaient que les choses ne changeront jamais, parce qu’il y a toujours des façons de vivre et de changer. Mon peuple a beaucoup de courage, mais ce qui se passe, c'est très dur.
Je ne suis plus la même personne qu’avant ces expériences. Quand les Israéliens tuent des innocents, ils changent les enfants de ceux qui ont été tués en des personnes différentes. Il n'est pas difficile de deviner si ces enfants deviendront des enfants gentils ou des enfants tristes prêts à se venger.
Pourtant, quand je regarde nos enfants, j'ai en quelque sorte le sentiment que tout changera pour des jours meilleurs. Chacun de nous peut changer un peu les choses et faire briller le soleil, même dans une boîte sombre, comme à Gaza.
Le 23 janvier à 3h du matin a été un moment de la victoire. Le mur de Rafah sur la frontière avec l'Égypte avait disparu. Je ne pouvais attendre, je voulais aller voir ça. Je voulais voir le sourire sur les visages de chaque Palestinien, chose qui n’était pas arrivée depuis longtemps.
Oui, mes enfants, maintenant vous pouvez voir l'Égypte. Le mur a disparu et un jour tous les murs auront disparu.
Amal, 9 ans, et Yasmine, 11 ans, m’ont dit : "Tu te rappelles quand on t'a dit que c'était notre rêve de voir les enfants égyptiens, jouer avec eux et voir l'Egypte? Nous sommes allés là-bas et nous avons acheté des bonbons et des frites, mais nous n’avons pas vu les enfants. "
Mohammed, 22 ans, de Rafah, a expliqué : «Peu importe qui a détruit le Mur, le Hamas ou le Fatah. C'était des restes laissés par l'armée israélienne. J'espère que le passage sera ouvert à la circulation de façon légale, et pas comme ça».
Lorsque je suis allée aux États-Unis en 2006, les gens m’ont demandé pourquoi les Palestiniens avaient voté pour le Hamas. Certains dans l'Autorité Palestinienne étaient corrompus. Ils ont perdu la confiance des gens.
Le gouvernement américain a envoyé des observateurs pour surveiller nos élections et a accepté la participation du Hamas. Le Hamas a remporté les élections de façon démocratique.
Depuis des années, le Hamas construit des infrastructures sociales et améliore la vie quotidienne des gens. Le Hamas aurait dû avoir une chance. Au lieu de cela, le monde nous a punis.
Je crois que si les gens ordinaires aux États-Unis et en Europe savaient ce qui se passe pour les Palestiniens ordinaires, ils auraient beaucoup plus de compassion.
Nous avons besoin de nourriture, d'eau, de maisons, de travail et d'accès au reste du monde. Nous avons besoin de justice. Et quand les Palestiniens ordinaires obtiendront la justice, il y aura la paix.
Source : http://www.iht.com/ Traduction : MG pour ISM | |